Quelles sont les opérations du pied fréquentes chez les sportifs?

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Les sportifs sont souvent confrontés à des blessures spécifiques au pied dues aux contraintes répétées et aux surcharges mécaniques supportées. Cet article décrit les techniques chirurgicales utilisées pour les opérations du pied chez les amateurs et professionnels du sport.
Les blessures du pied fréquentes chez les sportifs nécessitant une intervention chirurgicale
Les sportifs subissent fréquemment des lésions dues aux impacts répétés, aux microtraumatismes, et aux traumatismes musculaires, tendineux, ligamentaires, osseux et cartilagineux. Un diagnostic clinique précoce étayé par des examens d'imagerie adaptés, et la prise en compte de la biomécanique du pied permettent de déterminer si un traitement fonctionnel ou orthopédique suffit, ou si une intervention chirurgicale est nécessaire. Une prise en charge rapide peut prévenir l’aggravation des lésions, le risque de sur accident, et favoriser le retour à l’activité sportive.
L'aponévrosite plantaire et son traitement chirurgical
L'aponévrosite plantaire, également appelée fasciite plantaire, se traduit par une douleur intense ressentie au niveau de la voûte plantaire. Cette pathologie est souvent attribuée à un surmenage du fascia, notamment lors d'entraînements intensifs ou de longues séances de course. La rétraction des chaînes musculaires postérieures, notamment des muscles jumeaux et des muscles ischio jambiers, est un facteur favorisant l'aponévrosite plantaire. Les patients peuvent ressentir une douleur aiguë au réveil, qui s'accompagne d'une gêne lors de la marche prolongée. Dans un premier temps, la prise en charge repose sur des méthodes non chirurgicales, telles que le repos, des étirements spécifiques, l'utilisation d’orthèseset un traitement anti-inflammatoire.
Si ces mesures conservatrices ne suffisent pas à soulager les symptômes, une intervention chirurgicale, comme l'aponévrotomie plantaire sélective médiale percutanée, peut être envisagée afin de relâcher la tension du fascia et de soulager les tractions mécaniques à son insertion calcanéenne. Le suivi post-opératoire inclut un protocole de rééducation progressif ainsi qu'une routine d'étirements des chaînes musculaires postérieures pour limiter le risque de récidive.
La rupture du tendon d’Achille et sa réparation chirurgicale
Les ruptures du tendon d’Achille représentent une blessure fréquente chez les sportifs, survenant souvent lors de mouvements brusques en contraction excentriques dans le cadre d'un surmenage, particulièrement dans les disciplines nécessitant des accélérations ou des sauts. Le diagnostic est fait à l'examen clinique, complété par des examens d’imagerie tels que les radiographies de la cheville, l’échographie ou l’IRM. En fonction de la nature de la rupture, deux approches thérapeutiques sont envisagées. L'une consiste en un traitement conservateur qui comprend l'immobilisation par attelle plâtrée et une rééducation progressive, tandis que l'autre repose sur un traitement chirurgical, avec une suture à ciel ouvert du tendon d'Achille.
Chez les sportifs, le traitement chirurgical de réparation tendineuse doit être retenu pour rétablir la continuité du tendon, restaurer la trophicité musculaire et donc la force de propulsion. Après une période d'immobilisation de 3 semaines, un programme de rééducation sur plusieurs semaines sera proposé, incluant des exercices spécifiquement adaptés à la cicatrisation du tendon réparé.
Les fractures de fatigue du pied chez les sportifs
Les fractures de fatigue correspondent à de véritables fractures non déplacées, prenant l'aspect de microfissures osseuses qui se développent sous l’effet du surmenage, et se manifestent fréquemment au niveau des métatarsiens, mais également du calcanéus , du cuboïde, du talus et du naviculaire.
Tous les examens ne permettent pas forcément le diagnostic de ces fractures :
- Le meilleur examen d'imagerie pour le dignostic de fracture de fatigue, ou fracture de stress, est l'IRM. Si l'IRM est très performante pour le diagnostic de ces fractures par insuffisance osseuse, elle reste un mauvais examen pour l'analyse osseuse et donc le suivi des fractures de fatigue.
- La scintigraphie osseuse permet également de détecter les fractures de stress.
- Les radiographies standard permettent le diagnostic à postériori des fractures de stress des métatarsiens, mais sont généralement peu contributives pour les fractures de l'arrière et du médio pied.
- Le scanner est plus performant que la radiographie, mais les fractures de l'arrière et du médio pied sont peu détéctées au stade précoce.
Le traitement repose généralement sur une période d’immobilisation destinée à favoriser la consolidation osseuse et les douleurs du pied. Dans certains cas, lorsque la consolidation ne survient pas spontanément ou si des modifications de la trame osseuse apparaissent au scanner, une intervention chirurgicale de stabilisation fracturaire peut être envisagée, complétée par l’utilisation d’orthèses spécifiques durant la phase de récupération afin de réduire la charge sur la fracture stabilisée.
L'entorse grave de la cheville et la chirurgie ligamentaire
Les entorses graves se traduisent par des lésions ligamentaires pouvant entraîner une instabilité de la cheville, des douleurs, une instabilité douloureuse, et chez certains sportifs, ces symptomes nécessitent une correction chirurgicale. La ligamentoplastie, intervention chirurgicale qui renforce ou répare les ligaments endommagés, rétablit la stabilité de l’articulation en repositionnant les tissus mous, en remettant en tension les ligaments, et, si nécessaire, en utilisant des implants synthétiques ou des greffes tendineuses. Ensuite, un programme de rééducation personnalisé associé à une réadaptation fonctionnelle adaptée permet une récupération progressive, permettant ainsi un retour à la pratique sportive dans les meilleures conditions.
Le névrome de Morton et son traitement chirurgical
Le névrome de Morton se manifeste par une douleur brûlante et des sensations d’engourdissement entre les orteils, dues à l’épaississement d’un nerf plantaire ou à sa compression par les tissus environnants, une pathologie qui affecte particulièrement les sportifs présentant fréquemment un pied creux dans un contexte de rétraction des chaînes musculaires postérieures notamment des gastrocnémiens.
Le traitement conservateur repose sur la modification du type de chaussure, l’utilisation d’orthèses et d'espaceurs d'orteils et des étirements des chaînes musculaires postérieures. Le traitement médical est efficace au cours des 6 premiers mois d'évolution de la symptomatologie. Au delà de 6 mois, le nerf plantaire est lésé, la symptomatologie persiste en général. Les infiltrations locales ne sont pas recommandées en raison du risque de lipo atrophie et d'atrophie du capiton plantaire.
L’intervention chirurgicale est proposée si le patient décide de ne plus tolérer ces douleurs neuropathiques. L'intervention la plus fréquemment pratiquée est la neurectomie, consistant à retirer la portion du nerf plantaire douloureuse dans le but d'obtenir un soulagement durable. La chirurgie s’effectue en ambulatoire et est suivie d’un protocole de récupération qui inclut un retour aux entraînements un mois et demi après l'intervention chirurgicale.
La correction chirurgicale des orteils en griffe
Les déformations telles que les orteils en griffe provoquent souvent des douleurs et des difficultés lors de la pratique sportive. Ces déformations se développent en réponse à une tension excessive sur les tendons et les muscles intrinsèques du pied. Dans un premier temps, des solutions non chirurgicales telles que l’utilisation d’orthèses et la modification des chaussures permettent de soulager les symptômes, en particulier aux premiers stades de la pathologie, lorsque les griffes sont souples et réductibles.
En cas de déformations fixées, l’intervention chirurgicale peut être envisagée. Celle-ci consiste en la correction des déformations par réorientation osseuse via une ostéotomie, une arthroplastie interphalangienne ou encore une arthrodèse interphalangienne, éventuellement accompagnée d’un geste tendineux. Un suivi en kinésithérapie est ensuite instauré pour rétablir la mobilité, la stabilité et la force des orteils.
L'hallux rigidus chez les sportifs et les interventions possibles
L’hallux rigidus se caractérise par une raideur douloureuse du gros orteil, souvent accompagnée de déformations osseuses dues à l’usure des cartilages de l’articulation métatarso-phalangienne de l'hallux, ce qui peut considérablement limiter les performances sportives en affectant le déroulé du pas et la propulsion.
Les premières approches thérapeutiques consistent en l’utilisation d’orthèses plantaires, la modification du chaussage, la rigidification des semelles, et la physiothérapie. Toutefois, lorsque la douleur reste invalidante, une intervention chirurgicale peut être proposée.
Cette intervention chirurgicale peut être un émondage avec une chéilectomie permettant de réséquer le tissu osseux excédentaire, une ostéotomie voire des ostéotomies permettant de décomprimer l'articulation métatarso-phalangienne de l'hallux, une fusion articulaire autrement appelée arthrodèse, voire l’implantation d’une prothèse articulaire afin de conserver la mobilité articulaire résiduelle. Par la suite, un suivi post-opératoire intégrant une rééducation fonctionnelle est mis en place pour permettre un retour progressif aux activités sportives.
Les lésions des articulations du Lisfranc et leur traitement chirurgical
Les lésions des articulations de Lisfranc surviennent à la suite d’un traumatisme à haute cinétique. Les atteintes du Lisfranc sont principalement ligamentaires, avec un risque d'évolution vers l'instabilité douloureuse chronique et l'arthrose invalidante du Lisfranc.
La détection précoce des lésions est permise par l'imagerie médicale telle que les radiographies, l’IRM ou la tomodensitométrie ou scanner. Le traitement chirurgical repose sur la rigidification des articulations instables par fusion articulaire ou arthrodèse, ou par fixation articulaire appelée autrement arthrorise. La fixation interne est assurée par des visou des plaques vissées. L'immobilisation est nécessaire ensuite, avec 45 jours de plâtre et 45 jours de botte de marche. La rééducation est généralement longue pour récupérer la stabilité et la force du pied dans son ensemble.
Les fractures du calcanéus et leur prise en charge chirurgicale
Les fractures du calcanéus, fréquentes lors d’efforts intenses ou de chutes, nécessitent une intervention rapide ou différée pour rétablir la morphologie du talon et limiter le risque de complications notamment cicatricielles. Concernant les techniques chirurgicales, la réduction ouverte et la fixation interne permettent d’aligner correctement les fragments osseux et de restaurer le jeu de l'articulation sous talienne. Des techniques combinant arthroscopie et fixation percutanée peuvent être utilisées.
Par ailleurs, une surveillance attentive et un suivi post-opératoire sont indispensables pour s'assurer de la consolidation osseuse et adapter retour à l’activité sportive.
Les interventions pour les conflits antérieur et postérieur de la cheville
Les conflits de cheville peuvent être d'origine tissulaire ou d'origine mixte, c’est-à-dire tissulaire et osseux. Les conflits correspondent à des contacts anormaux entre les os et à des pincements destissus mous articulaires. Pour soulager ces symptômes, la chirurgie arthroscopique est fréquemment utilisée pour retirer les fragments osseux ou les tissus synoviaux hypertrophiques, supprimant ainsi les conflits. Cette technique présente plusieurs avantages, notamment grâce aux incisions réduites qui permettent une récupération rapide et minimisent l’altération des tissus environnants. Par ailleurs, la rééducation postopératoire repose sur des exercices de mobilité et de renforcement musculaire, favorisant un retour à la pratique sportive sans douleur.
La maladie de Haglund et son traitement chirurgical chez les sportifs
La maladie de Haglund se manifeste par une excroissance osseuse sur le calcanéum qui provoque un conflit avec la chaussure, occasionnant douleur et inflammation au niveau du talon. Il existe une prédisposition de cette pathologie, notamment dans le cadre d'un pied creux avec une torsion importante de la tubérosité postérieure du calcanéus. Cependant, la maladie de Haglund est au départ une triade douloureuse associant possiblement : tendinopathie corporéale d'Achille, conflit avec le tubercule calcanéen postérieur et tendinopathie calcanéenne d'insertion. Aujourd'hui le terme de Haglund est utilisé pour décrire le conflit avec la tubérosité mais il faudra toujours rechercher l'association lésionnelle décrite par le chirurgien du même nom.
Au départ, des solutions conservatrices sont proposées, telles que la modification du chaussage, l’utilisation de talonnettes ou d’orthèses, ainsi que des mesures anti-inflammatoires.
Lorsque ces approches ne suffisent pas, une intervention chirurgicale est envisagée, comprenant l’ostéotomie du calcanéum ou la résection de l’excroissance osseuse. Le suivi postopératoire s’appuie sur un protocole de repos puis de reprise progressive du sport, des séances de kinésithérapie visant à rétablir la souplesse du tendon d'Achille, et des conseils pour choisir des chaussures adaptées afin d’éviter de futures irritations.
La rééducation post-opératoire et le retour au sport
Chaque intervention chirurgicale nécessite un suivi personnalisé, comportant plusieurs étapes de rééducation afin d'obtenir un résultat fonctionnel optimal. Parmi ces étapes essentielles figurent la gestion de la douleur et la limitation de l’œdème, des exercices de mobilisation progressive, un renforcement musculaire adapté ainsi que des conseils concernant la modification de la foulée et le choix des chaussures. L’équipe médicale, en collaboration avec des kinésithérapeutes spécialisés, met en place un suivi régulier afin de réintroduire le sportif à son niveau d’activité sans précipitation, garantissant ainsi une transition en douceur vers la reprise complète du sport.
Prévention des blessures du pied chez les sportifs
Prévenir la survenue de nouvelles blessures passe par une information sur les bonnes pratiques sportives et une prise en charge préventive. Pour cela, il est important de réaliser un échauffement complet avant l’effort, de renforcer les muscles stabilisateurs du pied grâce à des exercices spécifiques, de choisir des chaussures adaptées à la pratique sportive et d’utiliser, de façon ponctuelle, des orthèses afin de réduire la pression sur certaines zones sensibles. Des étirements des muscles sollicités par la pratique sportive devraient être réalisés après chaque séance de sport. Par ailleurs, un suivi régulier avec un spécialiste du pied permet de détecter les déséquilibres avant qu’ils ne deviennent problématiques et d’adapter les entraînements en fonction des besoins.
La prévention reste le meilleur allié du sportif
Les opérations du pied chez les sportifs couvrent un large éventail d’interventions allant des réparations tendineuses aux corrections osseuses. La prise en charge, qui associe des techniques chirurgicales mini invasives et un suivi en rééducation personnalisé, permet souvent de redonner aux sportifs la capacité de poursuivre leur passion dans de bonnes conditions. La prévention, via l’adaptation du matériel et l’écoute des signaux du corps, demeure un élément essentiel pour la poursuite d'une activité sportive.