Infiltrations au pied et à la cheville

Les douleurs chroniques du pied et de la cheville peuvent considérablement affecter la qualité de vie, limitant la mobilité et les activités quotidiennes. Lorsqu’un traitement classique, comme les anti-inflammatoires ou la kinésithérapie, ne suffit pas à soulager la douleur, les infiltrations deviennent une option thérapeutique intéressante. Utilisées pour traiter divers troubles, tels que l’arthrose, les tendinites ou les inflammations articulaires, les infiltrations consistent en l’injection de médicaments, généralement à base de corticoïdes, directement dans la zone douloureuse. Cet article explore les indications, les avantages et les précautions à prendre avant de recourir aux infiltrations pour le pied et la cheville.
Qu'est-ce qu'une infiltration du pied et de la cheville ?
Les douleurs au pied et à la cheville peuvent grandement perturber le quotidien. Parmi l'arsenal thérapeutique, l'infiltration du piedou de la cheville est une option potentiellement efficace pour soulager rapidement la douleur. Cette section explique en détail ce que sont les infiltrations, les différents types et les substances utilisées.
Les différents types d'infiltrations
Les types d'infiltrations varient principalement en fonction de leur cible et de leur composition. On distingue généralement :
- Infiltrations articulaires : Elles sont réalisées directement dans l'articulation pour réduire l'inflammation et la douleur.
- Infiltrations périarticulaires : Effectuées autour des articulations, elles visent les tissus mous comme les tendons ou les bourses synoviales.
Ces infiltrations sont réalisées sous contrôle échographique pour une s'assurer que le bon site a été infiltré et pour limiter le risque de diffusion tissulaire et de complications. Elles sont reconnues pour leur efficacité dans le traitement des douleurs aiguës et chroniques.
Les substances utilisées dans les infiltrations
Les substances injectées lors des infiltrations varient selon le type d'infiltration et l'objectif recherché :
- Corticoïdes : Puissants anti-inflammatoires, ils sont souvent utilisés pour réduire rapidement l'inflammation d'une articulation qui sécrète du liquide.
- Acide hyaluronique : Utilisé pour améliorer la lubrification des articulations et hydrater les cartilages endommagés restants.
- Plasma riche en plaquettes (PRP) : Cette technique, qui utilise le sang du patient, favorise la cicatrisation des tissus en stimulant la réaction inflammatoire de réparation.
Ces substances sont choisies pour leur efficacité et leur sécurité, permettant souvent une amélioration significative de la qualité de vie des patients. Chaque choix de substance est adapté à la condition spécifique du patient, après une évaluation minutieuse par un spécialiste.
Ainsi, l'infiltration de la cheville ou du pied représente une solution de traitement adaptative, capable de répondre à divers degrés de sévérité et de types de douleur, en offrant potentiellement une amélioration notable des symptômes et une récupération fonctionnelle, mais avec des risques de complications, comme tout traitement.
Comment se préparer à une infiltration ?
Consultation préalable
Avant de procéder à une infiltration, il est essentiel de consulter un spécialiste. Cette consultation permet d'obtenir un diagnostic lésionnel et d'évaluer la pertinence d'une infiltration pour votre cas spécifique et d'identifier les meilleures substances à utiliser. Lors de cette consultation, le médecin examinera minutieusement votre pied ou votre cheville, discutera de vos antécédents médicaux et répondra à toutes vos questions concernant l'infiltration et ses risques. Il est important d'être transparent sur vos conditions de santé actuelles et les médicaments que vous prenez, car certains peuvent influencer l'efficacité de l'infiltration ou nécessiter des ajustements préalables, voire contre indiquer une infiltration.
Instructions spécifiques avant le traitement
Suivre des instructions infiltration précises avant le jour du traitement est crucial pour assurer le succès de l'infiltration. Voici quelques directives générales :
- Médicaments : Informez votre médecin de tous les médicaments que vous prenez. Certains, comme les anticoagulants, peuvent nécessiter un ajustement.
- Hygiène : Une bonne hygiène est essentielle. Prenez une douche et nettoyez soigneusement la zone qui sera traitée pour réduire le risque d'infection.
- Vêtements : Portez des vêtements amples et confortables le jour de l'infiltration pour faciliter l'accès à la zone affectée et minimiser votre inconfort.
Le déroulement de l'infiltration
Étapes de la procédure
Le déroulement infiltration commence par une désinfection soignée de la zone à traiter pour prévenir toute infection. Le médecin utilise ensuite une échographie pour visualiser précisément l'endroit où l'infiltration sera effectuée, garantissant ainsi une précision maximale. Une fois le site identifié, une aiguille fine est soigneusement insérée pour administrer le médicament directement dans la zone affectée. Cette méthode permet de limiter les dégâts tissulaires, de limiter les douleurs, et de s'assurer que l'infiltration se situe bien dans le site anatomique visé.
Que ressent-on pendant l'infiltration ?
Durant la procédure infiltration, les sensations peuvent varier selon les individus. Initialement, vous pouvez ressentir une légère pression ou une piqûre lorsque l'aiguille pénètre la peau. Une fois le médicament injecté, il est possible de sentir une sensation de gonflement ou de tension dans la région traitée, ce qui est tout à fait normal. Cette sensation est généralement temporaire et devrait s'atténuer rapidement. Il est important de communiquer avec votre médecin si vous ressentez une douleur intense ou inhabituelle.
La surveillance post-procédure est essentielle pour s'assurer que le traitement a été efficace et que le patient ne présente pas de réactions indésirables. Il est recommandé de suivre les instructions de votre médecin concernant le repos et l'application de glace si nécessaire pour minimiser l'inflammation.
Peut-on marcher après une infiltration au pied ?
Conseils immédiats après l'infiltration
Après avoir subi une infiltration au pied, il est important de suivre les recommandations de votre chirurgie orthopédiste pour une efficacité optimale. Dans les 48 premières heures suivant l'infiltration, il est généralement conseillé de limiter la marche. Le repos est essentiel pour permettre au médicament injecté de se diffuser efficacement et de réduire le risque d'irritation ou d'inflammation.
Suivi à moyen terme
Dans les jours et semaines suivant l'infiltration, le suivi est primordial pour s'assurer du résultat et de l'absence d'effets indésirables. Voici quelques conseils pour gérer cette période de récupération :
- Reprenez progressivement la marche, en augmentant la durée et l'intensité petit à petit.
- Portez des chaussures confortables avec un bon soutien pour éviter toute pression inutile sur le pied.
- Suivez les séances de physiothérapie recommandées pour renforcer les muscles et améliorer la flexibilité du pied.
Il est normal de ressentir une amélioration graduelle de la douleur. Cependant, si vous notez une augmentation de la douleur, de l'œdème, ou d'autres symptômes inhabituels, il est important de consulter immédiatement votre médecin.
Complications et soins post-infiltration
Identifier et traiter les complications
Après une infiltration au pied ou à la cheville, il faut rester vigilant face aux possibles complications de l'infiltration. Parmi les plus courantes, on trouve l'infection, la réaction allergique aux substances injectées, et parfois, une augmentation de la douleur. Il est essentiel de surveiller la zone infiltrée pour tout signe inhabituel, comme une rougeur excessive, un gonflement ou une chaleur locale. Si de tels symptômes apparaissent, il est impératif de consulter rapidement votre spécialiste pour une prise en charge rapide. La détection et le traitement précoces de ces complications sont primordiaux.
Conseils pour une récupération optimale
Pour favoriser une récupération après infiltration, plusieurs mesures peuvent être adoptées :
- Repos : Évitez de solliciter excessivement l'articulation traitée pendant les premiers jours suivant l'infiltration. Cela aide à minimiser l'inflammation et à accélérer le processus de guérison.
- Application de froid : Utiliser de la glace ou des attelles réfrigérées aide à réduire l'œdème et à soulager la douleur. Il est conseillé d'appliquer le froid plusieurs fois par jour pendant 10 à 15 minutes à chaque fois.
- Surélévation : Maintenir le pied ou la cheville en élévation peut également contribuer à diminuer l'œdème.
- Suivi médical : Un suivi régulier avec votre médecin permet de s'assurer que la récupération se déroule comme prévu et d'ajuster les traitements si nécessaire.
Effets bénéfiques et effets indésirables des produits injectés
La cortisone
La cortisone est un anti-inflammatoire puissant qui permet de soulager efficacement les douleurs intra articulaires, en limitant la production de liquide inflammatoire intra articulaire responsable de douleur et de limitation d'amplitude articulaire par effet volume. Ce produit est donc efficace pour soulager des douleurs intra articulaires dues à des lésions cartilagineuses ponctuelles, ou globales dans le cadre des arthroses. L'injection de ce produit doit se faire sous contrôle échographique pour s'assurer que l'injection est strictement intra articulaire, pour limiter le risque de complications tissulaires.
Dans certaines pathologies de la cheville et du pied, il est nécessaire de ne pas injecter de cortisone, car le risque de complications est trop important comparativement aux bénéfices attendus.
À notre sens, il est préférable de ne pas injecter de cortisone dans une gaine tendineuse, dans un tendon, dans une bourse de glissement, dans les articulations métatarso phalangiennes latérales, et en cas de névrome de Morton connu de longue date ou volumineux.
Voici quelques exemples de complications potentielles après infiltration de cortisone :
- Infiltration de cortisone d'un névrome de Morton : L'infiltration de cortisone de l'espace intermétatarsien concerné peut provoquer une lipodystrophie voir une lipoatrophie avec dyschromies cutanées. La fonte graisseuse pouvant être entraînée par l'infiltration, peut provoquer une atrophie du capiton plantaire à l'avant-pied impossible à traiter ensuite.
- Infiltration de cortisone dans une gaine tendineuse : En cas de tendinopathie fissuraire d'un tendon ou de tendinopathie d'insertion, l'injection de cortisone peut favoriser la rupture tendineuse. Ces ruptures tendineuses post-infiltrations peuvent être observées au niveau du tendon d'Achille, des tendons péroniers ou tendons fibulaires, du tendon du jambier antérieur, du tendon du jambier postérieur…
- Infiltration de cortisone des articulations métatarsophalangiennes de l'avant-pied : L'infiltration de cortisone au niveau de ces articulations peut fragiliser et favoriser les lésions des plaques plantaires. Les lésions des plaques plantaires peuvent provoquer une déviation des orteils voir une luxation métatarsophalangienne en cas de rupture.
L'acide hyaluronique
L'injection d'acide hyaluronique se fait en intra articulaire. Il s'agit d'une viscosupplémentation. Le produit injecté permet d'hydrater les cartilages articulaires, et de favoriser la lubrification articulaire. Ce produit est injecté en cas d'arthrose sur une articulation plutôt sèche.
Il n'y a pas d'effets indésirables en soi du produit injecté sur les tissus.
Le PRP : plasma enrichi en plaquettes
L'injection de PRP sous forme liquide, ou l'injection de PRF sous forme solide, consiste à récupérer après centrifugation du sérum enrichi en plaquettes. Il s'agit donc d'obtenir un concentré de facteurs de cicatrisation provenant du patient lui-même, sans risque. L'injection de PRP permet donc de stimuler la réaction de cicatrisation grâce à l'enrichissement plaquettaire. Il faut donc, pour que le PRP ait une efficacité, que la lésion soit fraîche, et qu'elle ait un potentiel de cicatrisation.
L'efficacité du PRP est donc limitée en cas de tendinopathie fissuraire, d'arthrose, d'aponévrosite plantaire, car il s'agit là de lésions chroniques, sans potentiel de cicatrisation.
Le PRP et le PRF peuvent en revanche être utilisés en complément d'un traitement chirurgical pour favoriser la consolidation osseuse par exemple, ou d'un geste d'avivement d'une lésion pour la mettre en condition de cicatrisation.
Une infiltration peut être considérée comme un geste invasif, potentiellement responsable de complications. Il est nécessaire d'évaluer la balance entre le bénéfice potentiel de l'infiltration et les risques de complications de celle-ci. Une infiltration est un traitement symptomatique, et non curatif.