Hyperlaxité articulaire

L'hyperlaxité articulaire à la cheville et au pied correspond à des mobilités articulaires bien plus importantes que l'amplitude de mouvement moyenne de la population générale. L'hyperlaxité peut être physiologique ou pathologique en cas d'anomalie constitutionnelle des fibres de collagène.
Définition et Compréhension de l'Hyperlaxité
L’hyperlaxité désigne une souplesse excessive des tissus péri-articulaires, incluant les ligaments, les tendons, les muscles, et les capsules articulaires. L'hyperlaxité est donc responsable d'un jeu articulaire différent, pouvant entraîner une instabilité des articulations de la cheville et du pied comme chez tout patient. On distingue notamment l’hyperlaxité physiologique qui permet le fonctionnement normal des articulations, et l'hyperlaxité pathologique responsable d'instabilité articulaire majeure. La compréhension de ces différences, ainsi que du rôle des structures anatomiques et de la laxité tissulaire, est indispensable pour adapter la prise en charge thérapeutique chez les patients hyperlaxes. Les hyperlaxes constituent un groupe de patients à part.
Causes et Facteurs de Risque d'hyperlaxité articulaire
Les origines de l’hyperlaxité articulaire sont multiples et résultent de l’interaction de facteurs génétiques, traumatiques, hormonaux et familiaux. Sur le plan génétique, l’hyperlaxité traduit souvent une anomalie de la qualité du collagène et des tissus conjonctifs, observée dans des syndromes héréditaires tels que les syndromes d’Ehlers‑Danlos, de Marfan, ainsi que dans la trisomie 21, où une laxité excessive des ligaments s’accompagne d’une fragilité tissulaire accrue. Les traumatismes répétés, notamment les entorses de cheville insuffisamment traitées, peuvent distendre les ligaments à plusieurs niveaux, entraînant une hyperlaxité localisée ou plus étendue, et une instabilité chronique qui favorise les récidives d’entorse de la cheville et du pied.
Sur le plan hormonal, la grossesse induit dès le premier trimestre une augmentation des taux hormonaux d'œstrogènes et de progestérone, laquelle accroît la laxité ligamentaire qui sera nécessaire au niveau du bassin pour l'accouchement.
Enfin, la présence d’antécédents familiaux d’hyperlaxité, même en l’absence de syndrome formellement diagnostiqué, souligne l’importance d’une prédisposition constitutionnelle et justifie une évaluation clinique personnalisée afin de définir la stratégie de suivi et de prise en charge la mieux adaptée à chaque patient.
Symptômes et Diagnostic d'hyperlaxité articulaire
Les patients présentant une hyperlaxité articulaire peuvent rapporter des douleurs articulaires intermittentes ou chroniques qui résultent d’une sollicitation excessive de ligaments trop lâches et d’une altération de la proprioception, laquelle favorise l’apparition de microtraumatismes et d’inflammations répétées dans l’articulation. Cette instabilité ligamentaire se traduit souvent par des entorses et luxations tendineuses récidivantes (en particulier au niveau de la cheville) qui surviennent même lors de traumatismes mineurs et exposent à un risque accru de complications à long terme telles que l’arthrose. Parallèlement, la surcharge fonctionnelle des muscles et tendons destinés à compenser la faiblesse ligamentaire entraîne fréquemment des tendinites, accompagnées d’une sensation d’instabilité pouvant limiter la pratique sportive et les activités quotidiennes.
Le diagnostic repose sur une évaluation clinique standardisée dont l’outil de dépistage principal est le score clinique de Beighton. Ce test, qui comporte cinq manœuvres cotées sur neuf points, est considéré positif à partir de 5/9 chez l’adulte (4/9 au‑delà de 50 ans), seuil retenu par le Consortium international pour évoquer une hypermobilité articulaire généralisée et orienter vers une investigation plus poussée afin de différencier hyperlaxité bénigne, troubles du spectre de l’hypermobilité et syndrome d’Ehlers‑Danlos.
L’utilisation combinée du score de Beighton et de tests cliniques spécifiques (par exemple évaluation de la laxité de la cheville) ainsi qu’un interrogatoire orienté (questionnaire en cinq points) permettent de confirmer le diagnostic, d’évaluer sa sévérité et de repérer précocement les complications potentielles. Un diagnostic précoce est essentiel pour mettre en place une prise en charge adaptée (kinésithérapie axée sur le renforcement musculaire, exercices proprioceptifs et port éventuel d’orthèses) afin de réduire le risque de récidive traumatique, de préserver la fonction articulaire et d’améliorer la qualité de vie du patient.
Impact sur les Structures Anatomiques de l'hyperlaxité : Os, Cartilage, Tendons et Ligaments
L’hyperlaxité articulaire accroît la vulnérabilité du système musculosquelettique en perturbant la stabilité normale des articulations. Sur le plan osseux, l’élasticité excessive des ligaments augmente la susceptibilité aux microtraumatismes et aux entorses de la cheville, de l'arrière et du médio pied. Les fractures de cheville figure également parmi les complications rapportées chez les patients hyperlaxes. Cette même instabilité engendre un stress mécanique anormal sur le cartilage, favorisant son usure prématurée et la dégénérescence articulaire caractéristique de l’arthrose secondaire. Les tendons contraints de compenser l’absence de soutien ligamentaire, sont exposés à une surcharge chronique qui multiplie les risques de tendinites chroniques, notamment du tendon d’Achille, des tendons fibulaires, et du tendon tibial postérieur. En cas d'hyper sollicitations répétées des fissures tendineuses peuvent apparaître avec risque de ruptures tendineuses en cas d'infiltration de cortisone dans les gaines tendineuses.
Enfin, les ligaments eux‑mêmes, dont la fonction stabilisatrice est compromise par l’hyperlaxité, subissent un stress accru qui se traduit par une fréquence élevée d’entorses, renforçant l’instabilité articulaire et exposant à de nouvelles lésions.
Options de Traitements dans l'hyperlaxité articulaire
Plusieurs stratégies thérapeutiques permettent d’atténuer les symptômes liés à l’hyperlaxité :
- Rééducation adaptée : exercices de renforcement musculaire et proprioceptifs dans le cadre d'une kinésithérapie personnalisée.
- Stratégies préventives : adaptation de l’activité physique, conseils ergonomiques et éducatifs.
- Gestion de la douleur : recours à des traitements médicamenteux pour soulager inflammation et douleurs.
- Interventions chirurgicales : dans des cas précis où les instabilités articulaires deviennent sévères, des interventions chirurgicales peuvent être proposées.
Chaque solution est évaluée en fonction du profil du patient afin d'obtenir une amélioration durable de la stabilité articulaire.
L'hyperlaxité articulaire par La Clinique du Pied et de la Cheville
A La Clinique du Pied et de la cheville, nous prenons en charge une prise en charge les patients présentant une hyperlaxité articulaire. Nous utilisons des techniques mini‑invasives (arthroscopie et interventions percutanées) qui réduisent significativement les risques de complications tout en permettant une récupération potentiellement plus rapide. Cependant, des interventions chirurgicales à ciel ouvert sont régulièrement proposées aux hyperlaxes, car la dissection tissulaire augmente la fibrose tissulaire cicatricielle postopératoire permettant d'augmenter temporairement la stabilité articulaire pour la période de rééducation.
Chaque parcours thérapeutique est accompagné d’un suivi régulier et d’un programme de rééducation personnalisé, et adapté à chaque étape de la rééducation.
FAQ
L’hypermobilité se caractérise par une amplitude articulaire augmentée qui reste fonctionnelle, alors que l’hyperlaxité survient quand la mobilité dépasse les limites anatomiques normales, augmentant le risque d’instabilité articulaire et de tendinopathie.
Les douleurs articulaires répétées, les entorses fréquentes ou les sensations d’instabilité lors de mouvements quotidiens sont des signes à prendre en compte et justifient une consultation médicale.
La kinésithérapie permet d’améliorer le renforcement musculaire et le contrôle proprioceptif, éléments essentiels pour stabiliser les articulations et prévenir les lésions traumatiques et micro traumatiques.
Les formes génétiques (syndrome d’Ehlers‑Danlos, Marfan) sont transmises de façon autosomique dominante. Les hyperlaxités bénignes, sans syndrome associé, peuvent également présenter une composante familiale.
Les hormones de grossesse augmentent temporairement la laxité ligamentaire, tout en réduisant les douleurs articulaires jusqu'à l'accouchement.
Particularités de l'hyperlaxité articulaire
En cas d’hyperlaxité articulaire, une évaluation personnalisée et un suivi adapté peuvent améliorer significativement la qualité de vie.
Les hyperlaxes constituent un groupe de patients à part. L'objectif d'une ligamentoplastie de cheville, par exemple, est d'obtenir une rigidité ligamentaire permettant une bonne rééducation principalement axée sur la proprioception et le renforcement musculaire. La récupération des mobilités articulaires n'est pas un enjeu, car les hyperlaxes récupéreront toute leur mobilité articulaire quelques mois après l'intervention chirurgicale.
Certaines ligamentoplastie de la cheville nécessitent des augmentations par des bandelettes chirurgicales en tissu très résistant pour assurer la stabilité articulaire. Chez les hyperlaxes, il sera régulièrement nécessaire de retirer secondairement ce matériel en raison de la limitation des mobilités articulaires ressentie.