Piégeage ou entrapment du nerf fibulaire superficiel

L’entrapment ou piégeage du nerf fibulaire superficiel est une affection méconnue mais potentiellement invalidante, se manifestant par des douleurs, des sensations de brûlure ou de décharges électriques pouvant irradier de la cheville vers le genou et de la cheville vers les orteils. Cette compression nerveuse peut altérer la mobilité et impacter la qualité de vie. Dans cet article, nous allons explorer les causes, les symptômes et les solutions thérapeutiques disponibles, afin de mieux comprendre ce trouble et les moyens d’y remédier.
Qu’est-ce que l’entrapment ou piégeage du nerf fibulaire superficiel ?
L'entrapment du nerf fibulaire superficiel est une compression ou une irritation nerveuse localisée qui peut entraîner des troubles douloureux. Ce nerf chemine le long de la face latérale de la jambe et se divise généralement en trois branches sensitives. La compression survient généralement au tiers inférieur de la jambe, où le nerf perfore l'aponévrose du muscle long fibulaire, à environ 11 centimètres au-dessus de la malléole externe. Les douleurs neuropathiques peuvent être exacerbées par le port de chaussures montantes, comme celles utilisées en ski ou par les militaires, mais également lors des mouvements de flexion plantaire de cheville.
De plus, des mouvements forcés en varus équin, tels que ceux observés lors d'entorses de la cheville, peuvent étirer le nerf et contribuer à sa compression ou à son irritation à sa sortie de l'aponévrose jambière.
Les symptômes incluent des douleurs ou des sensations anormales sur la face externe de la jambe et le dos du pied, correspondant au territoire sensitif du nerf. Ce syndrome se distingue des autres neuropathies du membre inférieur par sa localisation précise et son déclenchement lié à des facteurs mécaniques ou posturaux.
Le nerf fibulaire superficiel est purement sensitif, il n'entraine pas de trouble de la motricité en cas de lésion.
Anatomie et facteurs de risque de piégeage du nerf fibulaire superficiel
Le nerf fibulaire superficiel se trouve dans le tiers inférieur de la jambe, où il contourne la cheville. En raison de son parcours anatomique, il est particulièrement vulnérable à certaines contraintes mécaniques. Parmi les facteurs déterminants de cette vulnérabilité figurent les variations anatomiques ou les traumatismes antérieurs de cheville, l'utilisation de chaussures trop serrées et la répétition de gestes sportifs. Ces contraintes peuvent entraîner une compression du nerf, provoquant ainsi des symptômes douloureux invalidants.
Les principaux facteurs de risque d'irriration du nerf fibulaire superficiel sont :
- Les entorses de cheville en varus équin.
- L'instabilité chronique de cheville.
- Les lésions de la syndesmose.
- Les interventions chirurgicales de réparation ou reconstruction ligamentaire du plan externe.
- Les interventions chirurgicales de stabilisation de la syndesmose.
- Les ablations de matériel chirurgical au niveau du péroné ou de la syndesmose.
- Les arthroscopies antérieures de cheville.
Symptômes et présentation clinique
Les patients signalent fréquemment une douleur située sur la face antérieure de cheville et dorsale du pied, accompagnée de sensations anormales telles que des picotements ou des engourdissements, ainsi que des sensations de brûlure. Cliniquement, on observe une réduction de la sensibilité, parfois une perte partielle de la perception des stimuli tactiles ou douloureux. Les sensations douloureuses sont exacerbées par la flexion plantaire de cheville et le varus. De plus, le test de Tinel, qui consiste à tapoter le long du trajet nerveux, s'avère positif, reproduisant les symptômes ressentis par le patient. Il est possible de palper cliniquement le nerf fibulaire superficiel à sa sortie de l'aponévrose, cette manoeuvre reproduit également les douleurs.
Diagnostic de l’entrapment du nerf fibulaire superficiel
Le diagnostic repose sur l'examen clinique effectué par un spécialiste. Si le patient ressent des picotements ou des décharges électriques dans la zone innervée, cela indique généralement une compression ou une irritation nerveuse. Pour confirmer ce diagnostic et évaluer l'étendue de l'atteinte nerveuse, des examens complémentaires sont souvent prescrits.
- L'électromyographie (EMG) mesure l'activité électrique des muscles et des nerfs, aidant à détecter des anomalies de conduction nerveuse.
- Une échographie dynamique permet d'observer en temps réel le nerf en mouvement, identifiant d'éventuelles compressions ou anomalies structurelles. Elle permet de rechercher la présence d'un névrome.
- L'imagerie par résonance magnétique (IRM) ne permet pas l'analyse du nerf fibulaire superficiel car son calibre est trop faible.
Traitements non chirurgicaux
Plusieurs astuces peuvent être utilisées pour limiter le risque d'irritation du nerf fibulaire superficiel :
Adaptation des chaussures : Le choix de chaussures appropriées est essentiel pour réduire les pressions excessives sur certaines zones du pied, notamment en cas d'irritation du nerf fibulaire superficiel ou de ses branches .
Physiothérapie : Elle joue un rôle important dans la prise en charge des douleurs neuropathiques dans le territoire du nerf fibulaire superficiel dans le cadre des instabilités de cheville opérées ou non. Les exercices de proprioception et de renforcement des muscles stabilisateurs de la cheville permettent les tractions sur le nerf. Les massages du trajet du nerf fibulaire superficiel et de ses branches peut permettre de libérer les adhérences du nerf sources d'irritation nerveuse et de douleurs.
- Infiltrations locales réalisées sous guidage échographique : Les infiltrations locales consistent en l'injection de médicaments, tels que des corticostéroïdes ou des anesthésiques locaux, directement autour des nerfs affectés. Le guidage échographique permet une précision accrue lors de l'administration, assurant que le médicament atteint la zone ciblée tout en minimisant les risques pour les structures adjacentes. Cette approche est particulièrement utile pour réduire l'inflammation et offrir un soulagement temporaire de la douleur. L'infiltration d'anesthésiques locaux est utilisée comme test thérapeutique, elle supprime temporairement l'ensemble des douleurs ressenties par les patients en cas d'atteinte isolée du nerf.
- Utilisation d'anti-inflammatoires : Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être utilisés pour diminuer l'inflammation et la douleur associée.
- Traitements spécifiques des douleurs neuropathiques : La gabapentine, un anticonvulsivant, est fréquemment prescrite pour traiter la douleur neuropathique. Elle agit en modulant l'activité des neurotransmetteurs impliqués dans la transmission de la douleur, contribuant ainsi à réduire les symptômes. D'autres médicaments, tels que les antidépresseurs tricycliques ou les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), peuvent également être envisagés en fonction du profil du patient et de la nature de la douleur.
Il est essentiel de personnaliser le plan de traitement en fonction des besoins spécifiques de chaque patient, en tenant compte de la nature et de la gravité de la douleur, ainsi que des comorbidités éventuelles. Une approche multimodale, combinant des interventions pharmacologiques et non pharmacologiques, est souvent la plus efficace pour gérer les douleurs neuropathiques.
Le traitement chirurgical
Lorsqu'une compression nerveuse provoque des douleurs invalidantes malgré l'essai de traitements conservateurs, la chirurgie devient une option thérapeutique. Il existe 2 types d'intervention chirurgicale pour le piégeage du nerf fibulaire :
- La neurolyse : Elle consiste à libérer le nerf chirurgicalement, avec une mobilisation précoce du membre et des massages précoces de la cicatrice et du trajet du nerf.
- La neurectomie : Elle consiste à réséquer le nerf fibulaire superficielle par "stripping".
Le choix de la technique dépend de l'analyse échographique du nerf. Si le nerf est lésé ou présente un névrome, la neurectomie est pratiquée. En cas d'absence d'anomalie échographique du nerf, la neurolyse est proposée.
La Clinique de la Cheville et du Pied
Nous sommes spécialisés dans la prise en charge des pathologies du pied et de la cheville. Nous vous proposons une approche multi disciplinaire avec une équipe composée de chirurgiens orthopédistes, d'un podologue, d'un kinésithérapeute, et de deux ostéopathes. Nous nous efforçons de prodiguer des soins adaptés à chaque patient en tenant compte de leurs attentes.
Questions fréquentes
Le nerf fibulaire superficiel est un nerf sensitif innervant la face antéro-latérale de la jambe au tiers inférieur, la face antérieure de cheville et la face dorsale du pied.
Les facteurs incluent à la fois des contraintes mécaniques (chaussures inadaptées, répétition de gestes sportifs) et des traumatismes antérieurs pouvant modifier le trajet nerveux.
Certains mécanismes lésionnels et certaines interventions chirurgicales peuvent également irriter ce nerf comme : les entorses de cheville, l'instabilité chronique de cheville, les lésions de la syndesmose, les interventions de réparation ou reconstruction ligamentaire du plan externe de la cheville, les interventions de stabilisation de la syndesmose, les ablations de matériel chirurgical au niveau du péroné, les arthroscopies antérieures de cheville.
Le diagnostic repose sur l'examen clinique, l’échographie permet de visualiser la zone de compression et d'estimer l'intégrité ou la lésion du nerf.
Ce qu'il faut retenir
La compréhension de l’entrapment du nerf fibulaire superficiel repose sur une analyse de son anatomie, des facteurs de risque et de l’évolution des symptômes. Le diagnostic de piégeage du nerf fibulaire superficiel se fait à l'examen clinique.