Algodystrophie de la cheville

Chirurgien orthopédique spécialiste de la cheville

L'algodystrophie de la cheville, également connue sous le nom de syndrome douloureux régional complexe de type I, est une affection douloureuse et invalidante qui peut survenir après un traumatisme ou une intervention chirurgicale. Cette condition se caractérise par une douleur persistante, un gonflement et des changements dans la peau et les tissus mous, et pose souvent un défi diagnostique et thérapeutique. Dans cet article, nous examinerons de plus près les symptômes, les facteurs de risque, les méthodes de diagnostic et les options de traitement disponibles pour l'algodystrophie cheville.

Qu’est-ce que l’algodystrophie de la cheville ?

L’algodystrophie de la cheville est une complication rare, mais classique, c’est une réaction douloureuse disproportionnée par rapport au traumatisme initial.

Il s’agit d’une réaction inflammatoire dépassant les capacités de régulation de l’organisme.

C’est un diagnostic trop souvent posé devant une cheville douloureuse de façon chronique.

Toute algodystrophie de cheville est un problème mécanique ou infectieux jusqu’à preuve du contraire, l’algodystrophie étant un diagnostic d’élimination.

Elle évolue généralement en 2 phases : 1 phase chaude dite inflammatoire et 1 phase froide dite pseudo-inflammatoire. La durée d’évolution de l’algodystrophie varie de plusieurs semaines à plusieurs années.

L’algodystrophie atteint les femmes comme les hommes, quel que soit l’âge

Les symptômes de l’algodystrophie de la cheville

Il existe plusieurs symptômes d’algodystrophie de cheville :

Les douleurs

Pendant la phase chaude, les douleurs dues au traumatisme augmentent, elles sont d’allure mixte mécaniques et inflammatoires. Les douleurs sont très vives, diffuses, mal systématisées et permanentes.

Les douleurs de la cheville augmentent avec l’appui et avec la mobilisation de la cheville, il existe une raideur matinale avec sensation de dérouillage à la reprise de l’appui.

La palpation des articulations voisines, comme le pied et le genou, peut être anormalement très douloureuse, c’est ce que l’on appelle une allodynie.

Pendant la phase froide, l’allodynie persiste, mais elle est moins importante. L’intensité des douleurs à la marche et à la mobilisation de la cheville reste très importante.

Lors de la phase de guérison, les douleurs vont plutôt être dues aux séquelles des 2 phases précédentes, c’est-à-dire à l’enraidissement articulaire et à la rétraction des tissus comme les capsules articulaires et les tendons.

Les troubles vasculaires

Durant la phase chaude, il y a un relargage massif de substances inflammatoires qui entraîne une dilatation des petits vaisseaux sanguins et une augmentation de la perméabilité des veines.

La cheville est globalement augmentée de volume (gonflement), la peau est rouge et chaude avec un aspect parfois violacé en position debout.

Il existe alors un œdème du membre inférieur pouvant remonter jusqu’au genou.

Lors de la phase froide, la cheville devient moins épaisse, l’œdème s’estompe progressivement, la peau est plutôt fine, cyanique ou bleutée, avec une dépilation.

Les troubles trophiques

Ils sont présents en phase froide, avec une dépilation ou au contraire une hypertrichose, la peau est fine et rigide, avec des lésions unguéales possibles.

Les troubles neurologiques

Il existe une hyperesthésie cutanée c’est-à-dire une augmentation de la sensibilité douloureuse et une allodynie qui est une sensation douloureuse anormale.

On peut noter une hypersudation avec une faiblesse musculaire du membre inférieur, des tremblements et des phénomènes dystoniques en rapport avec une atteinte motrice.

Quelles sont les causes de l’algodystrophie de cheville ?

Il existe plusieurs causes d’algodystrophie de cheville.

Les traumatismes

L’algodystrophie est le plus souvent post-traumatique. Ce n’est pas l’intensité du traumatisme, mais la douleur post-traumatique qui peut favoriser l’algodystrophie.

La prise en charge de la douleur est capitale en urgence, et nécessite initialement d’immobiliser les fractures de cheville.

Un plâtre trop serré peut être source de douleur importante, voire de syndrome de loges, et être responsable de l’apparition d’une algodystrophie. La surveillance d’un malade sous plâtre est indispensable en préopératoire et en post opératoire.

Une intervention chirurgicale de la cheville peut provoquer une algodystrophie, mais il faudra rechercher une cause douloureuse mécanique comme un plâtre trop serré, des lésions osseuses ou ligamentaires persistantes après une première intervention.

Les pathologies osseuses

L’ostéoporose, qui correspond à une fragilité osseuse, peut engendrer une algodystrophie en cas de fracture de fatigue.

La maladie de Lobstein, appelée aussi maladie des os de verre, peut être responsable de fractures par insuffisance d’élasticité osseuse pourvoyeuses d’algodystrophie.

Les facteurs psychologiques

Les personnalités anxieuses et dépressives sont plus à risque de développer une algodystrophie.

Diagnostic d’une algodystrophie de la cheville

Le diagnostic d’une algodystrophie de cheville est clinique, mais c’est un diagnostic d’élimination. Il ne faut pas poser ce diagnostic par excès et passer à côté d’une fracture, d’une instabilité ligamentaire notamment la syndesmose, ou d’une infection articulaire qui nécessite une intervention médico-chirurgicale urgente.

Les examens biologiques et d’imagerie permettent d’éliminer les diagnostics différentiels.

Le bilan biologique

Il ne retrouve pas d’inflammation.

La ponction articulaire ne retrouve pas de germe, elle montre un liquide mécanique.

Le bilan radiologique

Il existe des signes caractéristiques à la radiographie qui apparaissent après 2 mois d’évolution.

La radiotransparence correspond à une déminéralisation osseuse diffuse avec un aspect moucheté ou pommelé de l’os de part et d’autre de la cheville.

La trame osseuse peut être moins dense avec une résistance mécanique diminuant de 40 %.

L’IRM

L’IRM permet de faire le diagnostic plus précocement que la radiographie, car les signes d’œdème osseux et d’hyperhémie apparaissent après 1 mois d’évolution.

La scintigraphie

La scintigraphie montre une hyperfixation précoce et diffuse autour de l’articulation. Cette hyperfixation peut persister des mois après la résolution des symptômes.

Quels sont les traitements de l’algodystrophie de la cheville ?

Le traitement médical

Le traitement est avant tout préventif. La prise en charge de la douleur est capitale.

L’administration de vitamine C aurait un rôle préventif chez les patients présentant une fracture.

La kinésithérapie

La kinésithérapie est indispensable pendant toute la durée d’évolution de l’algodystrophie. Elle permet de limiter l’enraidissement articulaire et d’entretenir une certaine trophicité musculaire.

La balnéothérapie avec l’utilisation de bains écossais, alternant le chaud et le froid, peut être efficace.

Le traitement chirurgical de l’algodystrophie de la cheville

Le traitement chirurgical est indiqué à 2 moments de l’évolution de l’algodystrophie : en cas de séquelles à la phase de guérison, et en cas de facteur entretenant l’algodystrophie.

Lors de la phase séquellaire, il peut exister des rétractions tissulaires et des raidissements articulaires de la cheville et du pied. Il est donc possible de proposer des gestes chirurgicaux permettant de remettre le pied à plat en cas d’attitude vicieuse. L’allongement d’Achille est classique en cas de position en équin.

En cas de fracture de cheville non traitée ou insuffisamment traitée, nous pouvons être amenés à opérer un patient pour stabiliser sa cheville, ou à le réopérer pour compléter la stabilisation de la cheville en espérant limiter ensuite la durée d’évolution de l’algodystrophie.

Le soutien psychologique

La durée d’évolution pouvant être très longue, il est nécessaire d’avoir un suivi psychologique.

FAQ

La mobilisation précoce et douce d’une cheville traumatisée, en respectant la règle de la non-douleur, permet de limiter le risque d’apparition d’une algodystrophie. Le traitement médical consiste à prendre en charge la douleur, la rééducation permet de limiter le risque d’enraidissement et de rétraction tissulaire.

Le traitement chirurgical s’adresse aux séquelles ou aux lésions potentiellement responsables d’entretenir l’algodystrophie.

Il est possible de marcher avec une algodystrophie de la cheville, mais il sera nécessaire de s'aider de cannes pour soulager le poids du corps sur la cheville.

L’algodystrophie de cheville peut durer quelques semaines, jusqu’à 12 à 18 mois en moyenne.

Consultez notre article sur œdème post opératoire.